Voile Magazine n°87

 

 

 


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A bord du Sun Odyssey 35
Voiles Magazine n°87 mars 2003
 
 
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Le silence règne ce matin au fond de cette petite baie de Peter Island. Et c'est sûrement pour cette tranquillité qu'une poignée de voiliers a élu domicile pour quelques jours àLittleHarbour. Comme eux, nous avons mouillénotre Sun Odyssey 35 sur un joli fond de sable et tiré un bout à terre que nous avons tourné au­tour d'un arbre.
Le barbecue est encore à poste sur le balcon avant où nous l'avons déplacé. Je dépose le siège du barreur pour accéder à la jupe habillée de teck, l'échelle de bain bascu­le dans l'eau claire et nous voilà partis pour un premier bain avec les tortues.

Certains jours, la vie n'est pas loin de ressembler à un dépliant publicitaire et cela n'a rien de désagréable. Notre pro­gramme est simple : profiter d'un voilier mis à notre disposition par Sunsail pour effectuer un 100 milles à bord sous le soleil des Caraïbes. En plein cœur de janvier, c'est l'occasion de sor­tir shorts et casquettes, maillots de bain et palmes. Et c'est ainsi que six personnes, quatre adultes et deux enfants, posent un soir leurs sacs à bord d'un Sun Odys­sey 35 tout neuf. Le rangement des bagages nous indiquera bien vite si nous sommes en présen­ce d'un « grand » ou d'un « petit » 35 pieds. Même en l'absence de cirés et de bottes, nous empor­tons avec nous de quoi remplir bon nombre de coffres. Après quelques minutes de flottement, tout finit par trouver sa place : placards, équipets et tiroirs sont nombreux.

Décernons une men­tion spéciale à l'immense coffre tout en longueur et à ses deux ti­roirs ajourés accessibles depuis le cabinet de toilette. Tous ces rangements ne gâchent pas l'im­pression d'espace. Les occupants de la cabine arrière bénéficient même d'un lit particulièrement grand (il est possible d'y dormir perpendiculairement à la mar­che) et le cabinet de toilette, avec sa douche isolée par une porte transparente, ne se rencontre d'ordinaire que sur des bateaux sensiblement plus longs.
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1 Le couchage de la pointe avant est de belle taille : 2,05 m de long pour une largeur de 0,45 m aux pieds et de 1,60 m à la tête.
 
2 La hauteur sous barrots est encore de 1,83 m dans la cabine avant.
 
3 Sans sa rallonge centrale, la table du carré mesure 0,54 m sur 0,68 et convient parfaitement pour un équipa­ge de quatre personnes installé sur la banquette en U.
 
4 La banquette bâbord peut se transformer en couchette de mer. Avec la rallonge matelassée qui rejoint le siège du navigateur, elle mesure 2,16 m de long !
 
5 La table à cartes coulissante mesure 0,54 m sur 0,68. 6 C'est au pied de la descente que la hauteur sous bar-rots est la plus conséquente (2 m !). Elle atteint 1,92 m au niveau de l'épontille.
 
7 La cuisine est bien équipée avec notamment un réfrigé­rateur de 140 litres.
 
8 Le cabinet de toilette est divisé en deux compartiments, lavabo d'un côté et WC/douche de l'autre, isolés par une porte vitrée. La hauteur sous barrots y est de 1,88 m.
 
9 En version deux cabines, le lit arrière mesure 1,97 m sur 1,70. La hauteur sous barrots est de 1,92 m.

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Deux ou trois cabines
Précisons que nous essayons ici une version deux cabines et à l'heure de se coucher, la table du carré est abaissée pour for­mer un vrai lit double : domma­ge que celle-ci (avec ses f argues) reste quelques centimètres au-dessus des banquettes. Le relief est désagréable pour qui sou­haite y dormir. Quand nous ne serons plus que quatre à bord, la table pourra rester en posi­tion haute.
 
Au réveil, inventaire, avitaillement. Il s'agit de la première se­maine de location du bateau et il manque une ou deux bricoles pour compléter son armement : des piles pour la lampe à re­tournement ou une aussière sup­plémentaire.
La prise en main du bateau se révèle facile. Les commandes du moteur (un Yanmar de 27 ch) sont placées juste en avant de la barre, sur le côté de la colonne. Le bout de la pen­dille, non lesté, a la mauvaise idée de se prendre dans l'héli­ce : l'occasion de vérifier le mon­tage très classique de la trans­mission, un arbre d'hélice en inox et une hélice bipale fixe. Une fois les tours ôtés (au prix de quelques brasses sous-ma­rines), nous pouvons sortir du port, hisser la grand-voile et dé­rouler le génois.

Aucun problè­me pour toutes ces manœuvres. La grand-voile bénéficie d'un lazy bag facile à ouvrir, il suffit de décrocher les sandows pas­sés dans des crochets. La drisse de grand-voile revient au cock­pit sur le rouf, tout comme le bout d'enrouleur. De part et d'autre de la descente, on trou­ve une belle batterie de blo-queurs (Spinlock) et un winch (Harken 32 à deux vitesses).

L'ensemble est bien dimensionné, pour preuve, c'est un en­fant de 11 ans qui s'y colle ! Der­rière la barre à roue, le contrôle du bateau est facile pour ce pre­mier bord de près. Il faut vrai­ment une survente appuyée pour faire gîter excessivement la carène et lofer inexorable­ment. Un grain bien noir nous incite à prendre un ris.
 
 
Une bonne insonorisation
Notre Sun Odyssey était équipé d'un Yanmar de 27 ch à ligne d'arbre.
Un moteur costaud placé sous la descente. L'accès aux filtres est facile par la face avant et la jauge à huile est accessible via une trappe dans la cabine arrière. Pour assurer le bon fonctionnement des équipements électriques, le loueur nous avait conseillé de le faire tourner trois heures par jour. Même si nous nous sommes souvent contentés de beaucoup moins, nous avons pu apprécier le niveau sonore très régulier de cette mécanique. Entre 2 000 et 3 000 tr/mn, ce dernier reste pratiquement constant à un ou deux décibels près, signe d'un bon montage de l'ensemble moteur/arbre.
 
 
Les mots pour le dire...
 
Guindeau vertical : lorsque la poupée et le barbotin du guin-deau sont placés dans un axe vertical, ce qui suppose un bon alignement avec le davier.
Injection : technique de construction dans laquelle l'âme du sandwich (mousse ou balsa) et les tissus de polyester sont mis en place puis emprisonnés entre deux moules avant que la résine ne soit introduite et ne se diffuse.
Varangues : renforts placés perpendiculairement à l'axe du bateau qui raidissent la coque et reprennent les efforts de la quille.
 

 
Prise de ris automatique
Celui-ci est automatique, c'est-à-dire que la bosse de ris passe par le point d'amure avant de revenir au cockpit.
En l'absen­ce de poulies cousues sur la voile (N.B.: Il y en a sur Schnaps), le circuit offre un peu de résis­tance mais ça passe. Nous garderons cette nouvelle configu­ration - génois déroulé et un ris dans la grand-voile - pendant l'essentiel de notre croisière.

Avec quatre personnes à bord et un vent généreux dans la jour­née (entre 15 et 20 nœuds), le Sun Odyssey est très bien équi­libré et l'on peut se permettre de lâcher la barre au près sans conséquences.
D'autant que la barre d'écoute, mêmeplacée en avant de la descente, permet d'affiner les réglages de la grand-voile. Du strict point de vue des performances, il nous sera difficile de juger des capacités de notre voilier, et ce pour deux rai­sons : le speedomètre du bord n'est pas du tout étalonné et sur­tout, nous traînons derrière nous, de mouillage en mouilla­ge, une très belle annexe semi-rigide elle-même armée d'un hors-bord de quelque 10 ch ne tenant pas en position relevée !

Ce n'est pas un handicap pour se mesurer aux autres voiliers que nous rencontrons : ils traî­nent également leur annexe der­rière eux. Mais, et bien que nous ayons un GPS portable avec nous, nous ne tirerons aucune conclusion définitive sur les pos­sibilités de ce Sun Odyssey.Des moyennes supérieures à 5 nœuds observées sur des parcours de plusieurs heures nous laissent croire que le bilan - sans annexe -serait tout à fait honorable. Mais il n'y a pas que la vitesse dans la vie, surtout à bord d'un bateau croisant dans les îles Vierges.
Les distances sont ici toujours très courtes et il faut pousser jusqu'à Anegada (15 mil­les au large) pour avoir vraiment l'impression de naviguer en mer. Nos premières haltes, pour nous rassasier, seront l'occasion de vérifier le bon agence- ment de la cuisine et du cockpit. La cuisine, en L, est plutôt bien dimensionnée. Bravo pour la pompe à pied qui sert à la fois de pompe à eau de mer et de vi­dange pour le grand réfrigéra­teur (43 1).

La vaisselle tient à l'aise dans l'évier double bac et les rangements sont - ici enco­re - nombreux avec placards et tiroirs. Le réchaud deux feux est tout à fait suffisant et assez grand pour qu'il soit possible de chauf­fer deux grands récipients en même temps. Nous aurons même l'occasion d'utiliser le gril du four pour donner meilleure mine à des tranches de pain de mie un peu fatiguées. Nos bé­mols concernent le plan de tra­vail essentiellement formé du couvercle du frigo (peut-être faudrait-il ajouter une planche à découper qui viendrait couvrir l'évier ?) et les équipets sans f argue qui accueillent sur ce ba­teau des gobelets. A la moindre ouverture de porte, nos gobelets - heureusement en plastique -se font la malle !
 
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Le cockpit est très large



 
Le cockpit est lui aussi à pre­mière vue très agréable ; très large, il permet de contourner la barre à roue sans se contor-sionner. Une petite table avec trois porte-gobelets s'y déplie. En position ouverte, elle est assez grande pour y poser quatre assiettes.
Malheureusement, les fargues disparaissent alors et les plateaux dépliés forment un angle avec l'horizontale qui ne permet pas d'y laisser des as­siettes, même au mouillage le plus calme qui soit. Ce détail mis à part, les bancs recouverts de teck sont confortables et les dos­siers bien dessinés. En naviga­tion, nous serons plus sévères avec ce large cockpit : pourquoi avoir fait l'économie d'un cale-pieds central ?
Le banc en vis-à-vis est trop éloigné pour que l'on puisse y poser le pied et il est difficile de rester assis dès que le bateau accuse plus de 10° de gîte.

Toujours en navigation, nous enverrons drisses et bosses de ris dans la descente faute de baille à bouts sur l'arrière du rouf. Mais si l'on n'est pas for­cément très bien assis, les dé­placements ne posent vraiment pas de problème. Sur le pont, l'antidérapant en pointe de dia­mant n'est pas d'une efficacité extraordinaire mais une main courante est en place depuis le cockpit jusqu'au niveau du mât. Il est possible ensuite de saisir le bas-étai en se déplaçant vers l'étrave. Pour rejoindre la cabi­ne, les marches de la descente sont incurvées et garnies d'un bon antidérapant appréciable à la gîte.

Les f argues de la cuisine ou de la table à cartes et les mains courantes sont toujours faciles à attraper. Signe d'une bonne ergonomie : après une semaine passée à bord, ni les enfants ni les grands gabarits ne présen­tent de bleus caractéristiques de chocs subis. Cela est aussi ques­tion d'espace. La hauteur sous barrots est généreuse : pratiquement 2 m sous le capot de descente et encore 1,87 m au ni­veau de Pépontille. La hauteur la plus faible est celle de la ca­bine avant (1,83 m tout de même). Curieusement, la table à cartes du Sun Odyssey 35 est ici fixe, le loueur ayant fait le choix de la boulonner contre le placard à cirés. On ne peut donc l'utiliser qu'en s'asseyant dos à la marche. Dommage, il nous semblait que la possibilité de la déplacer vers l'avant comme nous avions pu le faire lors d'un premier bord était autre chose qu'un gadget. Du coup nous uti­liserons spontanément la table du carré pour déplier nos cartes.
 
Un guindeau tout confort
Le temps de repérer la crique qui nous abritera pour la nuit, et il ne reste plus qu'à larguer le mouillage. Même avec des fonds modérés, on se fait très facile­ment au confort du guindeau électrique qui équipe ce Sun Odyssey (version Sunsail). Celui-ci, vertical, permet de ra­mener sans effort l'ancre sur le davier basculant. La chaîne bourre parfois un peu en fin de course et il suffit alors de faire glisser la longueur déjà remon­tée vers le fond de la baille.

A bord, les nuits sont tranquilles grâce à une aération digne de ce nom : avec un capot de pont et deux hublots ouvrants, la cabi­ne arrière n'est pas une étuve malgré la température ambian­te. Une nuit, le roulis a provo­qué un bruit suspect, comme celui d'une porte mal fermée qui rythme en tapant les mouve­ments du bateau. Vérification faite,il ne s'agissait que d'un jeu excessif dans le bloqueur de la porte de la douche.
Au chapitre des finitions à revoir, nous avons également noté des lattes de teck un poil trop longues sur l'un des bancs du cockpit et un vaigrage un peu décollé sous le rouf. Sinon, la construction semble sé­rieuse. La coque est en stratifié de verre polyester, classique­ment raidie par des cloisons et des varangues rapportées et stra­tifiées. Les fonds sont d'ailleurs facilement accessibles en soule­vant des planchers au chant bien protégé. Le pont est, lui, fabri­qué en inj ection. Une technique baptisée « Prisma Process » qui, outre la limitation de rejets pol­luants dans l'atmosphère, donneune finition impeccable sous le pont, visible notamment dans les cabines arrière. On remarque au passage que le moule de pont est le même pour les versions deux ou trois cabines comme en témoigne une moulure destinée à recevoir une cloison dans l'axe du bateau. Ou la présence d'un hublot ouvrant donnant sur un coffre. C'est sans doute pour cela que les coffres de cockpit sont les mêmes dans les deux versions.

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Coffres un peu étriqués
Dommage, car avec la survie, quelques défenses, une paire d'aussières et un second mouilla­ge, ceux-ci affichent très vite complet.
Et un propriétaire ne souhaitant pas naviguer en traî­nant son annexe sera obligé de ranger celle-ci à l'intérieur. Mais la plupart des reproches que nous pouvons adresser à ce ba­teau peuvent être facilement gommés.
Ainsi, il manque une poignée dans les toilettes pour pouvoir les utiliser facilement en navigation. Mais sinon, c'est une impression de facilité qui a prévalu tout au cours de notre croisière. Facilité de manœuvre, aussi bien sous voiles qu'au mo­teur, même s'il faut tenir comp­te du pas de l'hélice en marche arrière. Pour une croisière à quatre, il s'est révélé plus que confortable. A six àbord,mieux vaut opter pour la version trois cabines, même si celle-ci fait l'im­passe sur le placard à cirés et ne bénéficie pas d'une salle d'eau aussi spacieuse.

L'agrément de la vie à bord devrait rester le même : nous n'avons jamais perdu de temps pour localiser un interrupteur ou ouvrir un pla­card. Des petits détails qui comp­tent lorsque l'on découvre un bateau et qui témoignent du sa voir-faire d'un grand construc­teur. Ce Sun Odyssey 35 est aussi la première collaboration de Jeanneau avec le cabinet Marc Lombard à la production très éclectique (du trimaran Banque Populaire au Speed Feet 18 en passant par le RM 10,50 ou le nouveau Figaro). On reconnaît la griffe de l'architecte rochelais dans la carène en coin et les faibles élancements du bateau mais l'esthétique générale est bien celle d'un Sun Odyssey avec ce dessin particulier des hu­blots du rouf. Ce mariage nous semble plutôt réussi et se traduit déjà par un succès critique et commercial.
Ce bateau a en effet été distingué aux Etats-Unis par nos confrères de Sail et il est plé­biscité par les loueurs et les par­ticuliers (300 bateaux vendus!). Il se pourrait bien que ce Sun Odyssey devienne bientôt une référence en matière de croiseurs de 35 pieds.
 
 

Date de création : 16/06/2009 19:35
Dernière modification : 03/01/2014 12:32
Catégorie : - La presse en parle
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